PRINCIPES DU SOUTIEN PSYCHOSOCIAL ET SPIRITUEL

 

Le RNAPU énonce les principes suivants :

  • le respect de la dignité humaine, de la liberté individuelle et des valeurs individuelles comme collectives ;
  • après un événement éprouvant, chacun doit pouvoir recevoir une aide psychologique adaptée à ses besoins, indépendamment de son sexe, de son âge, de sa nationalité ou de son appartenance religieuse ;
  • les personnes touchées / impliquées doivent retrouver le plus rapidement possible leur autonomie dans la vie courante ;
  • une aide psychologique d’urgence ciblée vise à redonner aux personnes touchées le sentiment qu’elles sont responsables d’elles-mêmes ;
  • l’aide psychologique est dispensée de manière interprofessionnelle, interconfessionnelle et en tenant compte des règles en vigueur dans des organisations partenaires comme la police ou les sapeurs-pompiers ;
  • l’aide psychologique d’urgence ne doit pas servir de plate-forme pour le recrutement de patients ou de membres (pour des associations ou des groupements religieux) ;
  • proximité (assistance apportée sur place) ;
  • rapidité (assistance apportée aussi rapidement que possible) ;
  • simplicité (méthodes simples de soutien et d’accompagnement) ;
  • proportionnalité (ne pas apporter plus que l’aide nécessaire afin d’éviter la surassistance).

 

A partir de l’expérience pionnière du canton de Genève, la Fédération Suisse des Psychologues a développé une réflexion sur la psychologie d’urgence et édicté un certain nombre de règles ou recommandations, notamment :

les interventions en psychologie d’urgence visent une approche psychosociale et spirituelle, elles ne sont pas des actions psychothérapeutiques ;

Les réactions sont considérées ici comme naturelles. Aucune intervention n’ayant été démontrée comme propre à diminuer ou prévenir la souffrance, la tâche consiste dès lors à entourer les personnes impliquées dans des événements dramatiques.

les professionnels la pratiquant connaissent les principes de base des interventions dans le domaine ;

Un groupe professionnel étant appelé officiellement à intervenir lors de tels événements, il semble important que ses membres connaissent les phénomènes qui s’y rapportent et développent des compétences comme par exemple celles visant à ne pas essayer d’en faire un terrain de thérapie, de prosélytisme ou encore de clientélisation.

ils sont capables d’utiliser les connaissances assimilées d’une manière critique et souple ;

La formation suivie devrait développer chez l’intervenant les compétences nécessaires pour trouver une réponse individuelle et adaptée à chaque situation. Ceci signifie donc que les approches standardisées sont considérées comme insuffisantes et non reconnues dans leur aspect universel. Une réflexion critique sur nos interventions reste toujours nécessaire. Devons-nous intervenir ? Sommes-nous bien restés à notre place ?

ils connaissent leurs propres limites et sont en mesure de se rendre compte des conséquences d’un traumatisme pour eux-mêmes ;

L’intervenant doit se montrer attentif à ses propres réactions : sur-investissement, conflits avec les autres intervenants, épuisement et traumatisme vacarien. Les organismes qui les encadrent devraient veiller à leur bien être.

la psychologie d’urgence est exercée uniquement par des professionnels qui n’en dépendent pas financièrement ;

Pour réussir à maintenir une bonne distance avec les personnes accompagnées, pour pouvoir fixer notre attention sur les compétences et les ressources des personnes et de leur entourage, il semble indispensable à l’intervenant d’avoir d’autres champs d’occupation.

Si sa profession et partie de son identité devaient être tournées exclusivement vers le soutien psychologique lors de catastrophe, le risque serait grand qu’il cherche à se rendre plus utile, voire nécessaire. Si son revenu est dépendant, pour grande partie, des catastrophes, le risque est grand qu’il cherche à légitimer son salaire en considérant comme critiques des situations qui pourraient ne pas l’être.

il s’agit d’une approche visant l’acceptation des réactions ;

Les réactions présentées sont considérées non seulement comme naturelles, mais également comme des moyens pour se protéger, faire face et s’adapter. Sous cet angle, il ne serait pas cohérent de chercher à les combattre ou les faire diminuer. Toutefois, la personne victime souvent souffre et se plaint de ses réactions.

Pour en permettre l’acceptation, il s’agit pour la personne de pouvoir leur donner un sens, les expliquer. Il s’agit souvent, pour l’intervenant, de se montrer capable de supporter ces réactions parfois surprenantes, éveillant surprise, incompréhension quand ce n’est colère ou dégoût.

le professionnel n’est là que pour un temps, plutôt que se proposer comme ressource, il cherche à mobiliser en premier lieu celles de la personne, puis celles de sa famille et sa collectivité ;

La conception proposée ici repose sur l’idée selon laquelle, bien qu’elle puisse avoir, par le fait du choc, momentanément perdu contact avec ses compétences, la personne est capable de faire face. En effet, au cours de cette période de choc, tout individu, tout groupe ou Etat, tendent à se vivre impuissants, démunis et incompétents. S’offrir comme ressources, faire à la place, comporte un message implicite « nous vous pensons incapables de… ». Ce message, outre le fait qu’il soit disqualifiant, tend à la mise en dépendance de la personne et peut se montrer stigmatisant. Par ailleurs, lorsque épuisé ou momentanément neutralisé, son entourage ou sa famille sont les mieux placés pour apporter du soutien. Si ces derniers venaient à ne pas suffire, sa communauté peut alors prendre le relais. 

Cette approche considère la préoccupation des uns pour les autres comme source de renforcement du lien. Or, de nombreuses recherches démontrent aujourd’hui l’importance de la qualité du lien et du sentiment d’être soutenu socialement dans les facteurs de protection.

Nous avons compris que le sentiment d’impuissance vécu par la personne victime, lorsque la souffrance semble durer par trop, s’étend progressivement aux proches. Se substituer à l’aide que peut apporter la famille tendrait à augmenter le sentiment potentiel d’impuissance chez les proches. Par ailleurs, pouvoir aider produit souvent une augmentation de l’estime de soi qui gagnerait à revenir aux proches plutôt qu’à des étrangers ne faisant pas partie du milieu naturel de la personne et dont les réponses pourraient être décalées voire, à terme, plus un problème qu’une solution.

Dans ce sens, notre intervention devrait porter sur la simple mobilisation des ressources individuelles (pour permettre à la personne de diminuer son sentiment d’impuissance, de retrouver un certain niveau de contrôle) et celles de la collectivité dans laquelle nous faisons irruption, de façon à ce que la personne victime puisse se sentir soutenue socialement par les personnes-mêmes auprès de qui elle vit.